Le rassemblement national tente de freiner le développement du solaire photovoltaïque

Le Rassemblement national (RN) a franchi une nouvelle étape dans son opposition au développement des énergies renouvelables. Après avoir dénoncé la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et réclamé un moratoire sur l’éolien et le solaire, le parti dirigé par Marine Le Pen a déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale visant explicitement à limiter la croissance du photovoltaïque.

UN BRAS DE FER AUTOUR DE LA PPE

À l’approche de la publication par décret de la troisième PPE (2025-2035), le RN entend provoquer un débat parlementaire sur la trajectoire énergétique de la France. Depuis le refus du gouvernement Attal, en avril 2024, de soumettre ce document à un vote, les députés frontistes dénoncent un « déni démocratique ». En reprenant le texte adopté par le Sénat en octobre dernier, ils espèrent contraindre l’Assemblée à se saisir de la question et bloquer une feuille de route qu’ils qualifient de « décroissance énergétique ruineuse ».

Le RN s’oppose frontalement à la hausse prévue de 225 % de la production solaire et au déploiement massif de l’éolien, qu’il juge « techniquement impossible ». Le parti réclame un moratoire immédiat sur ces énergies intermittentes et la fin de leur priorité d’accès au réseau.

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UNE PROPOSITION POUR ABROGER LES OBLIGATIONS DE SOLARISATION

Déposée le 16 septembre 2025, la proposition de loi n°1805 cible directement deux mesures issues de la loi de mars 2023 sur l’accélération des énergies renouvelables :

• l’obligation d’installer des panneaux photovoltaïques sur les nouvelles constructions de plus de 500 m² ou les bâtiments lourdement rénovés,
• l’obligation de couverture solaire des parkings de plus de 1 500 m².

Le texte prévoit tout simplement d’abroger ces dispositions. Pour ses auteurs, ces obligations constituent une contrainte supplémentaire pour les entreprises, les collectivités et le secteur du bâtiment, déjà en difficulté. Ils estiment qu’elles risquent de multiplier les points de production intermittente, de fragiliser le réseau électrique et même de décourager certains projets.

UNE STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE CENTRÉE SUR LE NUCLÉAIRE

Cette ligne s’inscrit dans le projet dit « Marie Curie », qui met en avant un mix reposant quasi exclusivement sur le nucléaire et l’hydroélectricité. Le RN propose la prolongation du parc actuel, la relance de Fessenheim, la construction de dix nouveaux réacteurs entre 2034 et 2037, ainsi que le développement de petits réacteurs modulaires (SMR). Le parti défend également la nationalisation des barrages, la sortie des règles européennes de tarification de l’électricité et un retour à un service public intégré autour d’EDF.

UN DÉBAT EXPLOSIF À VENIR

Il est peu probable que cette proposition de loi soit adoptée en l’état, mais elle illustre la stratégie du RN : freiner toute avancée sur les énergies renouvelables et contraindre le gouvernement à revoir sa copie. Alors que la PPE doit fixer la trajectoire énergétique de la France jusqu’en 2035, ce bras de fer pourrait cristalliser l’un des clivages politiques majeurs des prochaines années : nucléaire et hydroélectricité contre solaire et éolien.