Revirement sur la loi des ombrières solaires en parking : les conséquences

L’actualité autour de l’énergie solaire et des infrastructures urbaines connaît un nouveau rebondissement. Le 15 mai 2025, un amendement voté par l’Assemblée nationale est venu profondément modifier l’obligation de solarisation des parkings de plus de 1 500 m², prévue initialement par la loi APER du 10 mars 2023. Cette évolution suscite de vives réactions dans le secteur des énergies renouvelables, en raison de ses conséquences réglementaires, économiques et environnementales.

UN AMENDEMENT QUI CHANGE LA DONNE sur les parkings solaires

Porté par l’ancienne ministre déléguée aux entreprises, Olivia Grégoire, cet amendement introduit une alternative à l’installation obligatoire d’ombrières photovoltaïques. Concrètement, les propriétaires de parkings extérieurs de plus de 1 500 m² devront désormais équiper au moins la moitié de leur surface :

• soit d’ombrières intégrant des panneaux solaires sur leur partie supérieure,

• soit d’arbres assurant l’ombrage des places,

• soit d’une combinaison des deux solutions.

Ce basculement transforme donc une obligation de production d’énergie renouvelable en obligation d’ombrage, laissant aux propriétaires un choix qui, selon les acteurs du solaire, affaiblit considérablement la portée écologique de la loi. La navette élémentaire est toujours en cours…

UNE DÉCISION CONTESTÉE PAR LA FILIÈRE SOLAIRE

Pour le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER), cette mesure revient à supprimer de fait l’obligation de solarisation des parkings. Il suffira en effet de planter des arbres pour se mettre en conformité avec la loi. Le syndicat dénonce une « instabilité permanente du cadre réglementaire », qui rend difficile toute projection à long terme pour les entreprises de la filière.

Même constat du côté de l’avocat spécialisé Arnaud Gossement, qui pointe une construction légale « en montagnes russes », entre lois, décrets, exemptions et reports successifs. Une telle incertitude juridique crée, selon lui, une insécurité néfaste pour l’investissement et le développement des énergies renouvelables.

UN POTENTIEL URBAIN DÉLAISSÉ ?

Ce retournement est d’autant plus critiqué que la France dispose de milliers d’hectares de parkings artificialisés, considérés comme un levier idéal pour produire de l’électricité sans consommer d’espace naturel. Ces surfaces sont pourtant souvent sous-utilisées énergétiquement, notamment en raison de réticences économiques des grands propriétaires fonciers.

Certaines grandes surfaces et sociétés foncières avancent plusieurs arguments pour justifier leur opposition :

• nécessité de préserver les surfaces pour des projets futurs (ex. requalification urbaine),

• réticence à s’engager dans un tiers-investissement,

• crainte de dévalorisation du patrimoine immobilier.

Selon Jules Nyssen, président du SER, cet amendement marque une victoire du foncier sur le climat, car il permet à certains acteurs économiques de se contenter de planter quelques arbres pour éviter tout investissement solaire, tout en conservant la pleine valeur de leurs terrains.

L’URGENCE D’UNE COHÉRENCE POLITIQUE

Pour Enerplan, autre acteur majeur du secteur, ce nouveau tournant fragilise encore un peu plus la trajectoire de transition énergétique. Le syndicat appelle les parlementaires à maintenir un cap clair et stable, seul moyen de garantir des investissements durables et massifs dans le photovoltaïque.

Alors que les possibilités d’installer des panneaux au sol sont de plus en plus restreintes pour des raisons foncières, urbanistiques ou environnementales, la solarisation des parkings représentait un consensus sociétal fort et une solution pragmatique. L’affaiblissement de cette obligation interroge donc sur la réelle volonté politique de déployer les énergies renouvelables à grande échelle.